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Par la Rédaction
paru en avril 2018
Aider N° 4

      Vive le temps de vie gagné !

      Pourquoi envisager l'avancée en âge comme une maladie à traiter et non du temps de vie en plus ?

      Par Gilles Berrut*, praticien hospitalier, chef du pôle hospitalo-universitaire de gérontologie clinique au CHU de Nantes


      On ne mesure pas suffisamment l’importance de cette conquête : vivre longtemps dans des conditions d’autonomie correctes pour une majorité d’entre nous. C’est le fruit d’un effort collectif, en termes de santé publique, de protection sociale et de progrès dans les pratiques médicales. Cep endant, non seulement on ne s’enthousiasme pas, mais on présente l’avancée en âge comme une charge. Une plaie. Un repoussoir. Le lieu de toutes les exclusions intellectuelles, de la projection de nos peurs de perte de pouvoir et d’influence. Nous sommes conditionnés pour associer vieillesse et maux, uniquement cela. Quelle tristesse ! Prendre de l’âge est une chance à double titre. On vit plus longtemps et on en a conscience. Bien sûr, le vieillissement est le lieu d’une fragilité qui ne permet plus les récompenses narcissiques que l’on peut connaître jeune. Mais un autre bonheur émerge avec les années, celui d’être là. La perception consciente du ressenti d’être change le rapport à la vie de manière fondamentale.


      Comment profiter le mieux possible du temps de vie gagné sur le néant, me demandent souvent mes patients ? En vieillissant le mieux possible. Ma prescription du bien-vieillir s’articule autour de trois verbes : bouger, l’activité physique est un facteur majeur de vieillissement réussi ; manger, l’alimentation a un impact sur tous les mécanismes fondamentaux qui conduisent à une altération des cellules et des organes ; parler, soit mettre en jeu nos facultés cognitives et psychoaffectives. Pour bien vieillir, il faut savoir se laisser déranger par les autres. L’adaptation à celui qui nous est étrange mobilise des fonctions cognitives d’adaptation, d’innovation et de curiosité qui sont bien souvent de forts stimulants de nos fonctions exécutives. Être dérangé par l’autre est sûrement un meilleur stimulant que de faire seul des mots croisés.


      * Auteur d’un essai, Les Papys qui font boom, Solar éditions, 2018.



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