Par Véronique Châtel et Francine Bajande
paru en avril 2018
Aider N° 4

      Fabrice Midal : « Sauvez votre peau et pensez à vous ! »

      Philosophe et fondateur de l’École occidentale de méditation, Fabrice Midal est aussi un homme engagé contre l’oubli de soi au prétexte de don de soi. Sa proposition ? Devenir narcissique. C’est ce qu’il développe dans son dernier livre.
      Pour rencontrer l’homme aux cercles jaunes, il faut commencer par s’élever. Au sens propre ! Fabrice Midal* travaille au 17e étage d’une tour de La Défense. Pour autant, le fondateur de l’École occidentale de méditation n’est pas inaccessible. (Son ascenseur fonctionne très bien !) Ni déconnecté de la réalité. Il est sensible à la souffrance des aidants, proches et professionnels qui, par trop d’empathie ou de perfectionnisme, s’épuisent et succombent à des burn-out. Et il se met en colère quand il compare la rémunération des traders à celle des soignants en général. C’est pour combattre la déshumanisation qu’il vient de publier un plaidoyer en faveur du narcissisme.



      Comment vous sentez-vous aujourd’hui, Fabrice Midal ? Zen ou en colère ?

      Zen ? J’espère bien que non ! Il n’y a rien de plus néfaste pour l’équilibre que de chercher à être zen, autrement dit, calme, sans émotions apparentes. Cela voudrait dire que je tiens mes affects à distance, que je ne les considère pas ou alors comme des agents perturbateurs ; or, c’est très important pour entrer en relation avec les autres, que je sois ouvert à ce que je ressens. L’autre jour, en allant chercher mon filleul à l’école, c’est parce que j’étais ouvert et non pas enfermé dans ma bulle que j’ai perçu qu’il n’allait pas aussi bien qu’il le prétendait et que j’ai pu insister pour qu’il me dise la vérité : des garçons l’avaient embêté.

      Le mot « néfaste » n’est-il pas trop fort pour parler de « zénitude » ?

      Regardez autour de vous. Pourquoi croyez-vous qu’il y ait une telle flambée de burn-out dans nos sociétés occidentales ? Pourquoi la raison principale qui empêche les gens de travailler, c’est la dépression ? C’est parce que les gens sont plus préoccupés de répondre à l’injonction d’efficacité et de rentabilité qu’il leur est faite plutôt qu’à respecter leurs limites physiques ou psychiques. Or, pour être efficaces, entend-on partout, il faudrait rester zen, quoi que l’on soit obligés de faire. C’est parce qu’ils restent zen que les professionnels de santé évalués au nombre d’actes, plutôt que sur la qualité de présence, ne se rebellent pas contre la déshumanisation à laquelle ils sont contraints, souffrent intérieurement et finissent par craquer. Voilà pourquoi je ne suis pas zen et plutôt en colère : je ne veux pas abandonner la souffrance de notre monde.

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