Par Manon Curty
Tu as pris tes médicaments, aujourd’hui ? » À chaque fois que Liliane pose cette question à son mari, sa voix tremble un peu. Elle craint tellement de déclencher un mouvement d’humeur qui dégénère en dispute, comme cela arrive si souvent. Elle met les formes pourtant : elle le dit en tapotant l’épaule de son mari ou en déposant un petit baiser sur sa nuque. Mais on dirait qu’il la voit venir. Qu’il sait, avant même qu’elle n’ouvre la bouche, qu’il ne lui répondra pas. Ou alors qu’il lui lancera une pique, du genre : « Et ta grand-mère, elle fait du vélo ? » Ou qu’il explosera : « Quand arrêteras-tu de me prendre pour un môme ? » Même si Liliane redoute l’eff et de ces six mots sur son mari – tu as pris tes médicaments, aujourd’hui –, elle les prononce. Elle ne peut s’en empêcher. Elle était présente lorsque le médecin a expliqué l’importance de l’observance de sa prescription. Elle a bien compris qu’un manque de constance pouvait nuire aux bénéfices espérés : 10 % des hospitalisations, chez les personnes âgées de plus de 70 ans, sont dues soit à des erreurs dans la prise des médicaments, soit à un défaut d’observance. Or, son mari a 73 ans. Et puis elle aimerait tant qu’il aille mieux et qu’ils retrouvent
une vie normale. Moins retranchée, moins soumise aux épisodes de mal-être. Alors comme il se soigne avec inconstance, elle le surveille.
Tiens, il vient vers elle. C’est peut-être le bon moment : « Chéri ! Tu as pris tes médicaments, aujourd’hui ? »
Pourquoi est-ce si compliqué d’aider un proche malade à suivre une prescription médicale ? Pour tout un faisceau de raisons. Qui relèvent d’abord des résistances de la personne sous traitement.
Tu as pris tes médicaments, aujourd’hui ? » À chaque fois que Liliane pose cette question à son mari, sa voix tremble un peu. Elle craint tellement de déclencher un mouvement d’humeur qui dégénère en dispute, comme cela arrive si souvent. Elle met les formes pourtant : elle le dit en tapotant l’épaule de son mari ou en déposant un petit baiser sur sa nuque. Mais on dirait qu’il la voit venir. Qu’il sait, avant même qu’elle n’ouvre la bouche, qu’il ne lui répondra pas. Ou alors qu’il lui lancera une pique, du genre : « Et ta grand-mère, elle fait du vélo ? » Ou qu’il explosera : « Quand arrêteras-tu de me prendre pour un môme ? » Même si Liliane redoute l’eff et de ces six mots sur son mari – tu as pris tes médicaments, aujourd’hui –, elle les prononce. Elle ne peut s’en empêcher. Elle était présente lorsque le médecin a expliqué l’importance de l’observance de sa prescription. Elle a bien compris qu’un manque de constance pouvait nuire aux bénéfices espérés : 10 % des hospitalisations, chez les personnes âgées de plus de 70 ans, sont dues soit à des erreurs dans la prise des médicaments, soit à un défaut d’observance. Or, son mari a 73 ans. Et puis elle aimerait tant qu’il aille mieux et qu’ils retrouvent
une vie normale. Moins retranchée, moins soumise aux épisodes de mal-être. Alors comme il se soigne avec inconstance, elle le surveille.
Tiens, il vient vers elle. C’est peut-être le bon moment : « Chéri ! Tu as pris tes médicaments, aujourd’hui ? »
10 % des hospitalisations, chez les plus de 70 ans, sont dues à des erreurs dans la prise des médicaments, ou à un défaut d’observance
Pourquoi est-ce si compliqué d’aider un proche malade à suivre une prescription médicale ? Pour tout un faisceau de raisons. Qui relèvent d’abord des résistances de la personne sous traitement.
Défaut d’alliance thérapeutique
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