L'harmattan déploie son souffle tiède sur les collines de l’Atacora. Nazirou Imorou a le visage recouvert de cette poussière ocre qu’apporte le vent du désert en hiver. Pascal Kombeto remonte une deuxième brouette remplie de bidons d’eau pour ramollir la terre sèche comme de la pierre. Le chantier est lancé. Les gars de la coopérative élèvent les premières fondations des futures habitations. « Reste à réaliser le forage pour l’accès à l’eau et on pourra s’installer ! », s’enthousiasme Nazirou, agronome spécialisé en maraîchage biologique. Le jeune homme de 25 ans a rejoint ce projet aux côtés de Béninois désoeuvrés qui voient dans la terre une solution à la misère. Ils viennent d’acheter cinq hectares près de Sépunga, un village de brousse aux portes de la ville de Tangiéta. Chaque famille prévoit de travailler un hectare, d’y construire sa maison tout en collaborant pour acheter du matériel et s’entraider au quotidien. L’autonomie par la terre, c’est l’objectif de ce projet indépendant dont les racines remontent à plus de dix ans.
À 20 ans, imprégné d’un violent désir d’Occident, Moussa Imorou s’aventure sur les routes de l’exil, direction l’Italie. Par le Niger, il traverse le désert. « On a roulé 600 kilomètres depuis Agadez jusqu’à un campement au milieu du Sahel », se souvient l’homme à la silhouette affûtée. Quelques jours à attendre le bon passeur, un qui tienne parole. On lui avait parlé de deux jours de voyage, ce sera huit. Vingt-six personnes sur un 4x4. « On n’avait pratiquement pas de nourriture et très peu d’eau. Le chauffeur nous réservait un bidon de 25 litres quotidien, mais c’était insuffisant. On a été une dizaine à se trouver mal. Trop déshydratés. Je n’avais plus de salive et je n’arrivais pas à pisser. J’ai même vu des gars boire leur urine... »
Arrivé en Libye, les portes de l’Italie face à lui, il refuse d’embarquer et décide de rentrer. « Ces bateaux surchargés m’angoissaient et cette façon de traiter les Noirs… », se remémore le Béninois, ému.
De retour à Tangiéta, sur sa terre natale, le jeune homme aux traits fins file au volant de son taxi-brousse pour gagner son pain. Tangieta-Ouaga, Tiken Jah Fakoly en fond sonore. Huit heures de trajet plusieurs fois par semaine sur une route défoncée, jonchée de camions renversés. Pour tenir, Moussa carbure à la kola, (graine du kolatier, riche en caféine, connue pour son effet « coup de fouet »).
L’appel de la terre
À 20 ans, imprégné d’un violent désir d’Occident, Moussa Imorou s’aventure sur les routes de l’exil, direction l’Italie. Par le Niger, il traverse le désert. « On a roulé 600 kilomètres depuis Agadez jusqu’à un campement au milieu du Sahel », se souvient l’homme à la silhouette affûtée. Quelques jours à attendre le bon passeur, un qui tienne parole. On lui avait parlé de deux jours de voyage, ce sera huit. Vingt-six personnes sur un 4x4. « On n’avait pratiquement pas de nourriture et très peu d’eau. Le chauffeur nous réservait un bidon de 25 litres quotidien, mais c’était insuffisant. On a été une dizaine à se trouver mal. Trop déshydratés. Je n’avais plus de salive et je n’arrivais pas à pisser. J’ai même vu des gars boire leur urine... »
Arrivé en Libye, les portes de l’Italie face à lui, il refuse d’embarquer et décide de rentrer. « Ces bateaux surchargés m’angoissaient et cette façon de traiter les Noirs… », se remémore le Béninois, ému.
De retour à Tangiéta, sur sa terre natale, le jeune homme aux traits fins file au volant de son taxi-brousse pour gagner son pain. Tangieta-Ouaga, Tiken Jah Fakoly en fond sonore. Huit heures de trajet plusieurs fois par semaine sur une route défoncée, jonchée de camions renversés. Pour tenir, Moussa carbure à la kola, (graine du kolatier, riche en caféine, connue pour son effet « coup de fouet »).
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