Belinda Cannone, essayiste, romancière et maître de conférences en littérature comparée à l'université de Caen* :
« Contrairement à ce qu’avancent la plupart des sciences sociales, politiques et économiques, je n’ai jamais cru que la société n’était régie que par des considérations d’intérêt. Nous ne sommes pas enfermés dans la bulle de notre petit moi étroit et borné à ses intérêts, mais en relation les uns avec les autres, et c’est ce qui donne sens à notre existence. Parfois nous avons besoin des autres, tandis que d’autres fois nous avons des ressources à leur offrir. L’altruisme, pour moi, n’est pas du tout une idée abstraite mais la conscience claire de cette réciprocité qui fait tenir le monde. Tout mon travail d’écrivain se fonde sur cette idée que nous sommes, chacun, à équidistance de soi-même et du monde. Je sens autrui en moi, je m’inquiète de ce qu’il éprouve et de ce dont il a besoin. Écrire est une manière d’accueillir l’autre en moi et de lui prêter ma capacité d’expression. Mais lire, aussi, et inciter chacun à lire, c’est le pousser à s’enrichir de la connaissance intime de l’autre, telle qu’elle nous est donnée par la littérature. »
* Auteure de S’émerveiller (Stock, 2017), dans lequel elle invite le lecteur à reconsidérer avec enchantement les choses simples du quotidien.