Propos recueillis par Odile Dor
Sylvie est la première femme qui m’a invité au restaurant. On avait 23 ans, on était tous les deux étudiants, on sortait pour la première fois ensemble. Je m’étais attendu à ce que nous partagions l’addition, comme cela se pratiquait systématiquement dans les années 1970 mais, au moment de payer, Sylvie a ouvert son portefeuille en m’empêchant d’en faire autant. Cela a achevé de me séduire. J’ai aimé cette indépendance, cette volonté de s’extraire des schémas homme/ femme. Quand nous avons commencé à vivre ensemble, nous sommes convenus de garder notre indépendance financière et de partager tous les frais. On se répartissait les factures, de temps en temps on faisait l’addition de nos dépenses respectives, et on se réajustait. Cela fonctionnait très bien.
Pour Sylvie, disposer d’un compte personnel représentait une liberté et une conquête féministe. Le souvenir de sa mère quémandant de l’argent auprès de son mari pour aller acheter à manger pour la famille l’avait marquée. Je me rappelle une dispute violente générée par une réflexion que je lui avais faite, sans y penser, réutilisant des mots que j’avais entendus dans la bouche de mon père. Découvrant Sylvie dans une nouvelle robe, je lui avais lancé : « Eh ben dis donc, on s’embête pas ! Quand le chat trime, la souris danse. » Elle était sortie de ses gonds [...]
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Sylvie est la première femme qui m’a invité au restaurant. On avait 23 ans, on était tous les deux étudiants, on sortait pour la première fois ensemble. Je m’étais attendu à ce que nous partagions l’addition, comme cela se pratiquait systématiquement dans les années 1970 mais, au moment de payer, Sylvie a ouvert son portefeuille en m’empêchant d’en faire autant. Cela a achevé de me séduire. J’ai aimé cette indépendance, cette volonté de s’extraire des schémas homme/ femme. Quand nous avons commencé à vivre ensemble, nous sommes convenus de garder notre indépendance financière et de partager tous les frais. On se répartissait les factures, de temps en temps on faisait l’addition de nos dépenses respectives, et on se réajustait. Cela fonctionnait très bien.
Conquête féministe
Pour Sylvie, disposer d’un compte personnel représentait une liberté et une conquête féministe. Le souvenir de sa mère quémandant de l’argent auprès de son mari pour aller acheter à manger pour la famille l’avait marquée. Je me rappelle une dispute violente générée par une réflexion que je lui avais faite, sans y penser, réutilisant des mots que j’avais entendus dans la bouche de mon père. Découvrant Sylvie dans une nouvelle robe, je lui avais lancé : « Eh ben dis donc, on s’embête pas ! Quand le chat trime, la souris danse. » Elle était sortie de ses gonds [...]
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