Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste* :
« L’altruisme dans son désintéressement est rare. C’est une qualité morale exceptionnelle. On rencontre plus souvent la solidarité, la fraternité, ou l’amitié. Le partage – selon toutes ses formes – avec les individus qu’on estime me paraît important pour ne pas sombrer dans l’amertume ou le chagrin, assez inséparables de la vie. Il y a dans l’altruisme un décentrement très fort par rapport à son ego, très peu enseigné et valorisé dans nos sociétés contemporaines néolibérales. C’est tout le rapport des hommes dans le monde du travail qu’il faudrait modifier, tant les relations de subordination, d’exploitation, de non-reconnaissance sont encore délirantes ! La rationalité instrumentale qui s’empare de nos vies et des sociétés promeut principalement les caractéristiques inverses à l’altruisme : perversion, intérêt particulier court-termiste, manipulation des autres, égoïsme, absence d’éthique, défiance, etc. C’est une résistance de chaque jour de tenter d’être plus altruiste. »
* Auteure des Irremplaçables (Gallimard, 2015), un essai dans lequel elle défend la singularité, la liberté et l’engagement du sujet dans la démocratie.