Comment bien vivre avec la maladie d’Alzheimer ?
Il faut refuser d’aborder la maladie avec ce qui se véhicule à son sujet. Car alors on se condamne au malheur. Quand j’ai appris que mon mari était atteint par cette maladie, c’était en 2005, j’ai lu tout ce qui la concernait et tous les messages allaient dans le même sens. On me prédisait des jours sombres. Que c’en était fini pour nous, pour mon mari, pour moi, du bonheur. On me parlait de sacrifice, de patience, de possible mort prématurée… J’ai refermé tous ces livres, et j’ai décidé de ne pas modifier la manière dont je considérais mon mari. J’allais continuer à le regarder avec bienveillance et à l’estimer. Cette attitude m’a permis de m’ajuster à ses changements de comportements. La maladie n’est pas si méchante qu’on veut nous le faire croire, il y a des moyens de l’apprivoiser.
Comment l’avez-vous apprivoisée, vous ?
J’ai géré cette maladie et les troubles qu’elle génère comme un détective qui s’amuserait à identifier des symptômes et à remonter aux causes. Un matin, mon mari m’a dit qu’il ne se rappelait plus de mon prénom. Au lieu d’accepter avec fatalité cet oubli, j’ai essayé de me souvenir de ce qui s’était passé la veille entre nous. Et je me suis remémoré cette scène : j’avais demandé à mon mari de couper des chardons dans le jardin, et il avait, sur sa lancée, coupé aussi un vieux et beau rosier de dix ans d’âge. Cela m’avait énervée et je m’étais emportée contre lui. Comme par hasard, il ne se souvenait plus de mon prénom le lendemain. Son cerveau, en réaction de défense, ne me reconnaissait plus, car il s’était senti agressé et rejeté la veille. De ce jour, je n’ai plus jamais élevé la voix contre lui. Le même phénomène s’est produit avec un vieil ami qui était venu rendre visite à mon mari. Ils étaient partis en balade, et l’ami s’est laissé entraîner dans la nostalgie. « Tu te rappelles », demanda-t-il à plusieurs reprises à mon mari. Celui-ci, ne se rappelant pas, a, en réaction de défense, oublié le prénom de son ami.
Vous avez fait l’expérience que le ressenti se transmet ?
Vous souhaitez poursuivre votre lecture ? Retrouvez le Guide des aidants en kiosque, librairie ou sur notre boutique en ligne !
Il faut refuser d’aborder la maladie avec ce qui se véhicule à son sujet. Car alors on se condamne au malheur. Quand j’ai appris que mon mari était atteint par cette maladie, c’était en 2005, j’ai lu tout ce qui la concernait et tous les messages allaient dans le même sens. On me prédisait des jours sombres. Que c’en était fini pour nous, pour mon mari, pour moi, du bonheur. On me parlait de sacrifice, de patience, de possible mort prématurée… J’ai refermé tous ces livres, et j’ai décidé de ne pas modifier la manière dont je considérais mon mari. J’allais continuer à le regarder avec bienveillance et à l’estimer. Cette attitude m’a permis de m’ajuster à ses changements de comportements. La maladie n’est pas si méchante qu’on veut nous le faire croire, il y a des moyens de l’apprivoiser.
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J’ai géré cette maladie et les troubles qu’elle génère comme un détective qui s’amuserait à identifier des symptômes et à remonter aux causes. Un matin, mon mari m’a dit qu’il ne se rappelait plus de mon prénom. Au lieu d’accepter avec fatalité cet oubli, j’ai essayé de me souvenir de ce qui s’était passé la veille entre nous. Et je me suis remémoré cette scène : j’avais demandé à mon mari de couper des chardons dans le jardin, et il avait, sur sa lancée, coupé aussi un vieux et beau rosier de dix ans d’âge. Cela m’avait énervée et je m’étais emportée contre lui. Comme par hasard, il ne se souvenait plus de mon prénom le lendemain. Son cerveau, en réaction de défense, ne me reconnaissait plus, car il s’était senti agressé et rejeté la veille. De ce jour, je n’ai plus jamais élevé la voix contre lui. Le même phénomène s’est produit avec un vieil ami qui était venu rendre visite à mon mari. Ils étaient partis en balade, et l’ami s’est laissé entraîner dans la nostalgie. « Tu te rappelles », demanda-t-il à plusieurs reprises à mon mari. Celui-ci, ne se rappelant pas, a, en réaction de défense, oublié le prénom de son ami.
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