C'est une image d’un autre temps : le groupe de personnes âgées se reposant et discutant sur un banc public. Une autre l’a remplacée, celle d’une personne âgée poussant un déambulateur à roulettes, équipé d’un siège pour se reposer. Conséquence de la politique de suppression des bancs publics pour empêcher les sans-abri de s’y installer, les personnes en déficit d’autonomie ne peuvent souvent compter que sur leur déambulateur pour reprendre leur souffle dans l’espace public. Leurs escapades urbaines s’étant compliquées, elles hésitent à sortir de chez elles, ce qui ne fait qu’ajouter à leur isolement social. La ville serait-elle devenue un espace inhospitalier réservé aux personnes mobiles et bien-portantes ? Un bref retour dans le passé permet de constater que l’espace public a en réalité beaucoup gagné en accessibilité. Même si les politiques urbaines n’en ont pas fait une priorité. Ni hier, ni aujourd’hui encore.
L’accessibilité de l’espace urbain est le fruit d’une lente évolution. Au Moyen Âge, la circulation est périlleuse pour les infirmes et les personnes âgées ( contrairement aux idées reçues, il n’est alors pas rare de dépasser les soixante-dix ans ). Bruyantes, sombres, étroites, tortueuses, les rues sont souvent encombrées par les chariots des marchands ou les animaux domestiques, de boucherie et de basse-cour. Sans compter les eaux usées que les citadins déversent directement sur la chaussée, la rendant glissante et fangeuse.
Éclairage, assainissement, élargissement des rues, sécurisation obligent, à partir du XVIIe siècle, la ville devient plus praticable. Au milieu du XIXe, un élément essentiel de mobilier urbain fait son apparition à Paris et dans la plupart des grandes villes européennes : le banc public. S’asseoir devient une possibilité urbaine ! « Quand je voyais les hommes lourdement chargés se reposer un instant, les vieillards se chauffer au soleil leur canne entre les genoux, des mères faire un brin de causette en regardant jouer leurs enfants et, le soir, des familles deviser joyeusement réunies, je passais épanoui, content d’eux et de moi », se réjouissait le préfet Rambuteau, à l’initiative de l’installation de bancs publics à Paris, après avoir quitté ses fonctions.
D’abord en bois puis en fonte, les bancs publics arborent peu à peu un design caractéristique sous l’impulsion du baron Haussmann et de l’architecte Gabriel Davioud. Fabriqués industriellement, ils sont disposés dans l’alignement des arbres, en bordure des trottoirs. Fixés au sol, ils remplacent les loueurs de chaises et favorisent la mobilité des personnes à mobilité réduite en leur offrant la possibilité de se poser.
La démocratisation de l’automobile au XXe siècle change la donne. Elle redessine la ville à son image : réduction des zones piétonnes, des trottoirs, aménagement de voies urbaines et d’espaces de stationnement. Les bancs, progressivement associés à la misère et à la délinquance, s’effacent sur la demande d’élus et de citadins. Les nuisances sonores, l’atmosphère polluée, le rythme frénétique et la mobilité permanente qu’elle impose font de la ville moderne un espace peu humain et peu accueillant pour les populations vulnérables.
Or, la société se vulnérabilise. La proportion des plus de soixante ans est passée de 8 % en 1950 à 12 % aujourd’hui. L’Organisation mondiale de la santé ( OMS ) pronostique que, d’ici à 2050, elle aura presque doublé. Il est donc urgent d’adapter la ville aux fragilités propres au grand âge : problèmes de mobilité, mais aussi baisse de l’acuité visuelle et auditive, amoindrissement des réflexes ou encore perturbation de l’équilibre et de l’orientation. Dans le même temps, le perfectionnement des fauteuils roulants ( agrandissement des roues, formats pliables, ajout d’un moteur ) élargit l’accès des personnes handicapées physiques à l’espace urbain. Les questions du revêtement du sol, des caractéristiques des voies – largeur, pente, absence de ressauts –, de l’accessibilité des bâtiments publics, deviennent essentielles.
Évolution de l'accessibilité en ville au cours de l'histoire
L’accessibilité de l’espace urbain est le fruit d’une lente évolution. Au Moyen Âge, la circulation est périlleuse pour les infirmes et les personnes âgées ( contrairement aux idées reçues, il n’est alors pas rare de dépasser les soixante-dix ans ). Bruyantes, sombres, étroites, tortueuses, les rues sont souvent encombrées par les chariots des marchands ou les animaux domestiques, de boucherie et de basse-cour. Sans compter les eaux usées que les citadins déversent directement sur la chaussée, la rendant glissante et fangeuse.
Éclairage, assainissement, élargissement des rues, sécurisation obligent, à partir du XVIIe siècle, la ville devient plus praticable. Au milieu du XIXe, un élément essentiel de mobilier urbain fait son apparition à Paris et dans la plupart des grandes villes européennes : le banc public. S’asseoir devient une possibilité urbaine ! « Quand je voyais les hommes lourdement chargés se reposer un instant, les vieillards se chauffer au soleil leur canne entre les genoux, des mères faire un brin de causette en regardant jouer leurs enfants et, le soir, des familles deviser joyeusement réunies, je passais épanoui, content d’eux et de moi », se réjouissait le préfet Rambuteau, à l’initiative de l’installation de bancs publics à Paris, après avoir quitté ses fonctions.
D’abord en bois puis en fonte, les bancs publics arborent peu à peu un design caractéristique sous l’impulsion du baron Haussmann et de l’architecte Gabriel Davioud. Fabriqués industriellement, ils sont disposés dans l’alignement des arbres, en bordure des trottoirs. Fixés au sol, ils remplacent les loueurs de chaises et favorisent la mobilité des personnes à mobilité réduite en leur offrant la possibilité de se poser.
Au milieu du XIXe, un élément essentiel de mobilier urbain fait son apparition à Paris et dans la plupart des grandes villes européennes : le banc public.
La démocratisation de l’automobile au XXe siècle change la donne. Elle redessine la ville à son image : réduction des zones piétonnes, des trottoirs, aménagement de voies urbaines et d’espaces de stationnement. Les bancs, progressivement associés à la misère et à la délinquance, s’effacent sur la demande d’élus et de citadins. Les nuisances sonores, l’atmosphère polluée, le rythme frénétique et la mobilité permanente qu’elle impose font de la ville moderne un espace peu humain et peu accueillant pour les populations vulnérables.
Une question sociale récente
Or, la société se vulnérabilise. La proportion des plus de soixante ans est passée de 8 % en 1950 à 12 % aujourd’hui. L’Organisation mondiale de la santé ( OMS ) pronostique que, d’ici à 2050, elle aura presque doublé. Il est donc urgent d’adapter la ville aux fragilités propres au grand âge : problèmes de mobilité, mais aussi baisse de l’acuité visuelle et auditive, amoindrissement des réflexes ou encore perturbation de l’équilibre et de l’orientation. Dans le même temps, le perfectionnement des fauteuils roulants ( agrandissement des roues, formats pliables, ajout d’un moteur ) élargit l’accès des personnes handicapées physiques à l’espace urbain. Les questions du revêtement du sol, des caractéristiques des voies – largeur, pente, absence de ressauts –, de l’accessibilité des bâtiments publics, deviennent essentielles.
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Et que dire des toilettes ?
Plus le monde se dit évolué plus il semble oublier le besoin primaire d’aller évacuer les matières excrémentielles !
Et l’eau essentielle a la vie pourquoi n’est elle plus disponible dans cette société rétrograde ?
Bonjour,
Vous avez raison !
Vous trouverez dans la revue un encadré consacré au lieux d’aisance dans l’espace urbain.
Bien à vous