Hélène L'Heuillet, philosophe et psychanalyste* :

« Je vois l’altruisme comme une exigence adressée à soi-même de respecter l’altérité partout où elle se trouve, en soi et en autrui. Cela signifie donc ne pas chercher à voir en autrui un alter ego, un autre soi-même. Nous ne pouvons vraiment aider quelqu’un qu’en le prenant tel qu’il est, y compris en ce qui nous échappe, voire nous fait souffrir. Combien d’aides, apparemment altruistes, se monnayent d’un chantage implicite : “Sois comme moi ou je te laisse tomber” ? Au niveau collectif, une société solidaire n’est pas une société où on se contente de s’occuper des autres. Cela en participe bien sûr, et les politiques sociales sont nécessaires. Mais la solidarité ne peut être effective que par une transformation de l’éthique et pas seulement de la politique. Nous devons nous rappeler que l’altérité est essentielle à l’existence, que nous ne pouvons pas vivre isolés, dans “l’entre-soi”. L’altruisme, ce n’est pas seulement se rendre indispensable à l’autre, mais savoir que l’altérité de l’autre est indispensable à notre vie. »

* Dans son ouvrage Du voisinage (Albin Michel, 2016), Hélène L’Heuillet s’intéresse à une figure actuelle et partagée de l’altérité : le voisin.