Difficile quand on marche en ville de ne pas passer à côté de personnes qui dorment sur le trottoir. Elles sont si nombreuses… Des hommes et des femmes de tous âges. Des familles avec des enfants. Difficile aussi de ne pas s’en vouloir de poursuivre son chemin sans manifester de solidarité. Une petite pièce dans le meilleur des cas, un sandwich, une cigarette. Pourquoi tous ces gens dehors ? Leur nombre aurait augmenté de 44 % en dix ans, selon le Samu social. Notre société serait-elle devenue moins solidaire ? Les raisons qui mènent à la rue sont multiples : chômage ou alors travail insuffisamment rémunérateur, parc locatif de plus en plus inaccessible pour les faibles revenus, prestations sociales pas toujours délivrées (40 % des SDF n’en perçoivent pas ou ne les demandent pas), sans parler des migrants, qui sont eux aussi nombreux à dormir dehors. Chaque soir, des équipes de maraude (Samu social, Croix-Rouge, Médecins du monde, etc.) sillonnent les rues pour proposer des soins aux sans-abris, les inviter à fréquenter des lieux d’accueil de jour afin de trouver avec eux un chemin de réinsertion sociale ou les convaincre de rejoindre un centre d’hébergement pour la nuit. Une personne sans-abri n’est donc pas totalement abandonnée par la collectivité. Le fait qu’elle dorme sur le trottoir traduit même une évolution positive de notre société à l’égard des démunis. Positive ? Il suffit de se reporter au milieu du XVIIe pour s’en convaincre.
En 1656, installer sa couche sur un trottoir parisien exposait à l’emprisonnement. Un édit autorisait en effet les forces de l’ordre armées de hallebardes à arrêter les vagabonds et à les enfermer dans des établissements spécifiques.
C’est ainsi que des voyageurs ont pu faire ce constat dans leur journal de voyage en 1657 : « on ne voit plus un seul gueux dans les rues de Paris » (Journal d’un voyage à Paris en 16571658, éd. A. P. Faugère, 1862). Ce qui n’avait pas été le cas auparavant.
Si la société du Moyen Âge a toléré les pauvres errants, celle du xve siècle se met à les rejeter. Ils sont devenus trop nombreux : ils représentent entre 20 et 25 % de la population française de l’époque. Ils ne sont donc plus perçus comme des représentants du Christ de retour sur terre, méritant qu’on leur fasse la charité, mais comme des individus louches pouvant transmettre des maladies comme la peste, troubler l’ordre public et attenter à la sécurité des bonnes gens. Ces changements de représentation à l’égard des vagabonds et autres mendiants valides, assimilés à de « mauvais pauvres », amorcent une ère de répression.
En 1656, installer sa couche sur un trottoir parisien exposait à l’emprisonnement. Un édit autorisait en effet les forces de l’ordre armées de hallebardes à arrêter les vagabonds et à les enfermer dans des établissements spécifiques.
C’est ainsi que des voyageurs ont pu faire ce constat dans leur journal de voyage en 1657 : « on ne voit plus un seul gueux dans les rues de Paris » (Journal d’un voyage à Paris en 16571658, éd. A. P. Faugère, 1862). Ce qui n’avait pas été le cas auparavant.
O tempora, o mores
Si la société du Moyen Âge a toléré les pauvres errants, celle du xve siècle se met à les rejeter. Ils sont devenus trop nombreux : ils représentent entre 20 et 25 % de la population française de l’époque. Ils ne sont donc plus perçus comme des représentants du Christ de retour sur terre, méritant qu’on leur fasse la charité, mais comme des individus louches pouvant transmettre des maladies comme la peste, troubler l’ordre public et attenter à la sécurité des bonnes gens. Ces changements de représentation à l’égard des vagabonds et autres mendiants valides, assimilés à de « mauvais pauvres », amorcent une ère de répression.
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